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Les œuvres de Sami Ben Ameur sont un hymne à la variété et à la beauté du cosmos, avec un attachement tout particulier au globe terrestre. Il nous l'offre dans toute son amplitude en suggérant à la fois l'immensité des espaces et les microcosmes qui les composent.
En peintre matiériste, il arrive à produire des sensations quasi-tactiles de minéral et d'éléments fossilisés avec des impressions de patine et de craquelures rehaussées par l'alternance du rugueux et du lisse. Dans un subtil mariage d'acrylique, de terre, de colle et d'éléments minéraux, l'artiste transcende la peinture pour la pousser à des effets inédits de peinto-céramique, de peinto-sculpture et même de gravure. Il en multiplie les apparitions, à chaque fois différentes, mais dans une sorte de constance à soi, propre à sa passion pour la vie organique de l'univers. De ce dernier, rien ne lui est indifférent. Il tente d'en capter la structure, les béances, les étendues, les concrétions et l'immatérialité. C'est pourquoi ses tableaux ne sont pas simplement comme des strates de la genèse géo-morphique, ils rendent sensible l'énergie d'un monde inchoatif où s'exprime la vie des formes avec des tons bruns, indigos ou cramoisis.
Dans les grands formats carrés ou arrondis comme pour intensifier la sensation cosmique, les incandescences, les gestations et les cristallisations finissent par confondre sensoriellement, par leur proximité, notre réel et notre imaginaire. C'est peut-être parce que notre mémoire de l'élément fondamental organique y est soudainement convoquée. Le minéral et l'aérien où baigne notre vision nous rappelle esthétiquement à cette co-substantialité d'avec la terre, les astres et tout l'univers.
La séduction opérée par les peintures de Sami Ben Ameur est aussi celle du mystère infini de la nature où nous évoluons. La dernière série de peinture, de plus petite dimension, intitulée "Altitude" se présente au regard comme une série d'ouvertures sur l'atmosphère. Nous y respirons la légèreté de l'aérien, la vivacité de la lumière et la douceur du vaporeux, grâce aux effets de transparence des couleurs et à la souplesse du dessin, dans ses lignes nomades. Nous y sommes plus proches de l'immatériel, dans un espace lisse à la proximité d'estampes japonaises ou de lithographies.
Si on ne peut rester insensible à n'importe quelle de ces œuvres qui sont pourtant de l'ordre de l'abstraction, c'est certainement parce que leur matériau est chargé d'un affect qui passe directement dans notre réception. Il dit la passion co-naturelle que le peintre a pour notre terre et notre univers.
Rachida Triki