« Mémoire renouvelée »

« Mémoire renouvelée » et le titre d’une intervention artistique que j’ai eu l’occasion de réaliser durant les 23 et 24 avril 2016, dans une ancienne demeure sfaxienne nommée Borj Mnif qui date de la fin du 17ème siècle. Néanmoins, ce Borj se trouve aujourd’hui menacée de disparition faute de restauration. Cette intervention s’intéresse principalement à la question de l’archéologie du lieu et de la mémoire et se compose :

• D’une installation qui prend forme à l’intérieur de ce Borj et qui renferme mes peintures, mes photos et quelques vieux objets fonctionnels appartenant à ce lieu.

• D’une vidéo de 14 mn qui a accompagné l’installation et qui a été présentée au public dans une tente installée à proximité du Borj (Cinéma de poche). Cette vidéo relate la genèse de mon travail, dès ma première visite à cet espace, jusqu’à la mise en forme de l’installation. Elle est aussi un médium artistique autre que la peinture qui m’a permis de sonder autrement les étendus expressives et conceptuelles de cet espace et aussi de communiquer mon expérience artistique à un large public (Viralité de l’art).

En effet la notion d’archéologie de la mémoire n’est pas nouvelle dans ma pratique artistique. Mon exposition de 2009 à la galerie le Violon Bleu à sidi Bou Saïd, intitulée « Terre originelle, » a déjà interrogé cette question : Les lettres relevant de l’écriture sumériennes, (première écriture que l’homme a connue,) ainsi que les faucilles de formes différentes, que j’accumule dans mes peintures et que je déterre ensuite, me renvoient aux gestes de l’archéologue et par là, à l’idée de remonter le temps et d’interroger la mémoire.    

Cependant, mon appréhension à la question de l’archéologie de la mémoire dans « Mémoire renouvelée » est intimement liée au lieu de Borj Mnif et plus particulièrement à son espace intérieur ainsi qu’aux objets qu’il renferme. Elle est une exploration de ce lieu avec ses étendus historique, perceptive, psychologique, culturelle et conceptuelle, devenant une matière riche d’indications, révélant les mécanismes de ma création issue de ce lieu chargé de mémoire.

Dans « Mémoire renouvelée, » j’explore la mémoire qui me fait revivre des images. Je fais parler les objets, en me référant à la fois à ma mémoire personnelle qu’à la mémoire collective. Je m’interroge aux objets intimes et emblématiques, devenant des fois support pictural.  Je m’intéresse à l’hybride et à la viralité de l’art. Je réfléchis également sur le rapport du particulier à l’universel ainsi que sur notre présent confronté aux défis de la mondialisation, à la perte de valeur et au fanatisme. Je prône le dialogue entre les cultures et le rapprochement des civilisations.

Sami Ben Ameur

Le 26 novembre 2016